"Améliorer la quantité et la qualité des financements pour l'agroécologie" - CIDSE

"Améliorer la quantité et la qualité des financements pour l'agroécologie"

L'article ci-dessous est une courte version anglaise de un article de Patrick Veillard, initialement publié (en français) pour la newsletter de SOS Faim 'Défis Sud'.   

En 2018, le Baromètre de l'Agriculture Familiale ont constaté la faiblesse des politiques publiques spécifiques à l'agroécologie dans différentes régions du monde [1]. Quelques années plus tard, l'agroécologie semble avoir fait des progrès, du moins dans les déclarations et prises de position officielles. Mais qu'en est-il du vrai nœud du problème, la question du financement ? Y a-t-il des évolutions positives dans les flux financiers, en particulier dans la coopération bi- et multilatérale ? Les projets financés sur le terrain visent-ils une véritable agroécologie transformatrice ou peignent-ils simplement en vert le modèle classique de l'agro-industrie ? 

Le premier élément de réponse se trouve dans un rapport des Nations unies (FAO, PNUD et PNUE), qui dénonçait en septembre 2021 le caractère « socialement et environnementalement néfaste » de la plupart des subventions publiques agricoles dans le monde. Il s'agit d'une position rare partagée par les trois agences onusiennes et qui souligne la révolution copernicienne qui reste à accomplir en termes de financements publics pour soutenir des systèmes alimentaires durables [2]. 

Une autre indication de la faiblesse des budgets consacrés à l'agroécologie peut être trouvée dans un rapport du Groupe d'experts de haut niveau (HLPE) sur la sécurité alimentaire et la nutrition du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), qui indiquait en 2019 que l'investissement public dans les approches agroécologiques ont été estimées à 1.5 % des budgets totaux consacrés à l'aide au développement et à l'agriculture [3]. 

Le tableau n'est guère meilleur dans le domaine de la politique de développement. Une publication de 2020 de la CIDSE et de l'Université de Coventry a rapporté que seuls 2.7 % des fonds de coopération multilatérale de l'UE acheminés par l'intermédiaire d'agences des Nations Unies (FAO, FIDA et PAM) entre 2016 et 2018 ont soutenu la transition agroécologique. Même si le tableau n'était que partiel et que la Commission européenne est probablement plus ambitieuse au niveau bilatéral, le tableau général reste celui d'un faible soutien, comme d'autres études portant sur le Royaume-Uni (5%), la France (12.6%), la Belgique (16 %) ou le Danemark (1.4 %) ont montré [4]. 

Vincent Dauby, responsable de l'alimentation et des terres à la CIDSE, estime que « les délégations européennes dans chaque pays » sont une cible importante, en plus du cadre financier pluriannuel de l'UE, qui est actuellement en cours de révision. 

Ces délégations doivent être informées sur l'agroécologie et accompagnées dans la sélection et l'évaluation des projets, qui sont actuellement fortement axés sur des questions telles que le retour sur investissement. 

Vincent Dauby

Enfin, un autre constat est qu'un nombre croissant de sources de financement internationales se concentrent sur les enjeux climatiques, ce qui constitue une opportunité de financements supplémentaires, mais présente aussi des risques d'approches agroécologiques trop partielles. Selon Vincent Dauby : 

Il existe des risques d'approches trop techniques et centrées sur le carbone, c'est pourquoi la société civile plaide pour des principes d'agroécologie plutôt que des pratiques dans les négociations sur le climat. 

Vincent Dauby

Les exemples cités dans la version complète de l'article illustrent la nécessité d'améliorer non seulement les volumes mais aussi la qualité des financements dédiés à l'agroécologie. Une étude de la CIDSE et CAWR à l'Université de Coventry liste des pistes de développement dans ce domaine, en mettant l'accent sur les dimensions socio-politiques, la co-gouvernance, l'égalité des droits, ou la nature flexible, multidimensionnelle et à long terme du suivi des projets financés [5].

Notes:
Veillard P. 2018. Quelles politiques publiques pour soutenir la transition agroécologique ? Défis Sud n°136. Le Baromètre des agricultures familiales. 
[2] En particulier, le rapport indique que 87 % des 540 milliards de dollars de soutien aux producteurs agricoles faussent les prix ou nuisent à la nature et à la santé. PNUE, PNUD, FAO. 14/09/2021. Une opportunité de plusieurs milliards de dollars : réorienter le soutien agricole pour transformer les systèmes alimentaires 
[3] HLPE. 2019. Approches agroécologiques et autres approches innovantes pour une agriculture et des systèmes alimentaires durables qui améliorent la sécurité alimentaire et la nutrition 
Université de Coventry, CIDSE. Septembre 2020. Analyse des flux de financement vers l'agroécologie. Le cas des flux monétaires de l'Union européenne vers les agences des Nations unies basées à Rome et le cas du fonds vert pour le climat. 
[5] Université de Coventry, CIDSE. Avril 2021. Faire bouger l'argent pour l'agroécologie. Transformer l'aide au développement pour soutenir l'agroécologie. Briefing politique. 


Image de couverture : Une vieille femme sur sol-terre. Crédit : UtilisateurGI15633745/iStock/Getty Images

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