La grande déréglementation de l’UE – CIDSE

La grande déréglementation de l’UE

La proposition désastreuse d'omnibus érode les engagements de l'UE en matière de responsabilité des entreprises et réduit les droits de l'homme et la protection de l'environnement. 

Réaction des organisations de la société civile au paquet de simplification Omnibus.


Le 8 novembre 2024, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé qu’elle présenterait une proposition visant à modifier trois piliers clés du Pacte vert pour l’Europe par le biais d’une loi omnibus : la directive sur la diligence raisonnable des entreprises en matière de durabilité (CSDDD), la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité des entreprises (CSRD) et le règlement sur la taxonomie. En janvier déjà, 170 organisations représentant des membres de la société civile, des défenseurs des droits de l’homme et de l’environnement, des syndicats et des militants pour le climat ont dénoncé conjointement le projet de loi omnibus. De nombreuses autres voix éminentes issues d’un large éventail de secteurs se sont également opposées publiquement à la proposition, comme en témoigne la multitude de déclarations publiques et de lettres envoyées à la Commission européenne au cours des dernières semaines.

Le mercredi 26 février 2025, la Commission européenne a dévoilé le Paquet de simplification Omnibus, qui révise les principales lois sur la durabilité des entreprises. Telles qu'elles ont été adoptées, ces lois imposent une conduite responsable des entreprises, tiennent les entreprises responsables des violations des droits de l'homme et des dommages environnementaux, et facilitent l'accès à la justice pour les victimes. Elles visent également à améliorer la transparence des rapports sur la durabilité et à fournir des orientations pour les investissements durables. Ces mesures sont cruciales pour l'ambition de l'UE de devenir le premier continent neutre sur le plan climatique d'ici 2050. 

En réponse à la proposition Omnibus, plus de 300 organisations de la société civile, dont la CIDSE, ont publié une déclaration exhortant le Conseil de l'UE et le Parlement européen à la réviser sans aucun amendement visant à affaiblir la CSDDDLes discussions concernant la CSDDD devraient se limiter strictement aux mesures interprétatives, telles que les orientations et les actes délégués, tandis que le texte de la loi doit rester inchangé. 

La proposition Omnibus menace d'éliminer de nombreuses dispositions essentielles de la CSDDD, la rendant ainsi quasiment inefficace. En outre, elle retarderait d'un an la transposition de la directive par les États membres de l'UE.

Si elle était mise en œuvre, certaines des répercussions seraient les suivantes : 

  • La responsabilité civile incombe en grande partie aux États membres de l’UE, ce qui risque de réduire l’accès des victimes à la justice. Les actions représentatives sont supprimées, ce qui empêche les ONG et les syndicats d’aider les victimes devant les tribunaux. Sans cette disposition impérative, les tribunaux de l’UE risquent de privilégier les lois locales au détriment du droit national, ce qui compromet l’efficacité de la responsabilité civile. 
  • Les entreprises doivent uniquement évaluer les préjudices liés aux partenaires directs, limitant ainsi drastiquement la chaîne de valeur.  
  • Il n’existe aucune obligation de mettre en œuvre des plans de transition climatique, ce qui crée une échappatoire dans laquelle les entreprises peuvent théoriquement se conformer en élaborant des plans sans action. 
  • Les États membres ne peuvent pas créer de règles ou de mécanismes de réclamation plus ambitieux en matière de droits de l’homme et d’environnement que ceux prévus par la directive. 
  • Les entreprises ne sont plus tenues de résilier les contrats en cas d’abus persistants. 
  • La participation des parties prenantes est limitée à celles qui sont « directement » concernées, à l’exclusion de groupes tels que les consommateurs et les ONG. La consultation des parties prenantes concernées n’est plus nécessaire pour le désengagement ou le suivi. 
  • La fréquence de contrôle de l'efficacité de la diligence raisonnable est réduite d'une fois par an à une fois tous les cinq ans. Le plafond de sanction minimum de 5 % du chiffre d'affaires est supprimé, ce qui pourrait conduire à des sanctions moins lourdes et créer des désavantages concurrentiels entre les États membres.  
  • La Commission n’est pas tenue de réexaminer la nécessité de règles de diligence raisonnable dans les services financiers et les activités d’investissement à l’avenir. 

Pour plus de détails et pour voir la liste complète des signataires, veuillez lire la déclaration de la société civile. déclaration commune.



Lecture supplémentaire:

- La Commission européenne légt Kettensäge an die Lieferkettenrichtlinie, Misereor, 26 février 2025.
- L’Europe abandonne le devoir de vigilance et ouvre la porte à l’exploitation et à la pollution, Broederlijk Delen, 26 février 2025.
- Lettre ouverte : Alerte des organisations de la société civile française sur la proposition de législation dite « Omnibus », Le CCFD-Terre Solidaire et 20 organisations de la société civile française adressent une lettre ouverte à Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de l'Union européenne, 25 février 2025.
- La déréglementation est la réponse de Trump, rédigé par Wies Willems, Broederlijk Delen, publié dans Knack Magazine, 10 février 2025.
- Un retour en arrière du Green Deal européen ? Omnibus-Verordnung droht EU-Lieferkettenrichtlinie auszuhöhlen, Document d'information d'Armin Paasch, Misereor, pour l'Initiative allemande Lieferkettengesetz, 13 février 2025.
- Le recul de la Commission européenne sur le devoir de vigilance européen revient à affaiblir la lutte contre les abus des multinationales, animé par Virginie Amieux, CCFD-Terre Solidaire, Carolina de Moura, Institut Cordilheira et Dominique Potier, députée française, publié dans Le Monde, 1er février 2025.
- La proposition omnibus créera une confusion coûteuse et une moindre protection pour les personnes et la planète, déclaration conjointe de la société civile à la Commission européenne, 14 janvier 2025.
- Protéger les personnes, la nature et la démocratie dans les réglementations de l'UELettre de la société civile à la présidente de la Commission européenne, Ursula von Der Leyen, 13 janvier 2025.

Contact : Susana Hernández Torres, Responsable de la réglementation des entreprises, CIDSE (hernandez(at)cidse.org)

Photo : Des organisations de la société civile manifestent devant la Commission européenne contre le règlement Omnibus. Crédits : Les Amis de la Terre Europe (FoEE).

Partager ce contenu sur les médias sociaux