Déclaration de la société civile sur les compensations et crédits de biodiversité – CIDSE

Déclaration de la société civile sur les compensations et les crédits de biodiversité

La compensation de la biodiversité ne fera que retarder les mesures urgentes visant à s’attaquer aux causes profondes de la perte de biodiversité.

Une large coalition de plus de 200 organisations de la société civile, dont la CIDSE, exprime ses graves inquiétudes concernant les crédits, la compensation et les systèmes commerciaux associés à la biodiversité. Les marchés de la biodiversité sont calqués sur les marchés du carbone, qui présentent de graves défaillances. Les systèmes de crédit et de compensation pour la biodiversité sont fondamentalement défectueux et inefficaces, causant souvent plus de mal que de bien. Ils autorisent des pratiques néfastes, déplacent des communautés et marchandisent la nature. Les solutions efficaces incluent la reconnaissance des droits fonciers des autochtones, la mise en œuvre de réglementations environnementales strictes et la réorientation des subventions néfastes. Une action immédiate est nécessaire pour protéger véritablement et durablement la biodiversité.

Les compensations et les crédits pour la biodiversité, conçus pour combler le déficit de financement de la protection de la biodiversité, reflètent l’inefficacité des marchés du carbone et dépendent d’un modèle de conservation descendant qui est à la fois coûteux et vulnérable aux violations des droits humains. Les alternatives éprouvées incluent la reconnaissance juridique des territoires autochtones et des réglementations environnementales strictes. Réorienter les subventions néfastes et fournir un financement public sous forme de subventions peut répondre plus efficacement aux besoins de financement. À l’instar de la compensation carbone, la compensation de la biodiversité retarde les mesures cruciales visant à lutter contre la perte de biodiversité, encourage le greenwashing et crée des problèmes d’équité et de droits, affectant particulièrement les pays du Sud. De plus, ces marchés marchandisent la nature, réduisent le rôle des gouvernements et dépendent de méthodologies de mesure défectueuses, conduisant à une manipulation potentielle et à une instabilité des revenus et de la gouvernance.

Les crédits de biodiversité et les programmes de compensation sont de fausses solutions à un problème artificiel. Il existe des moyens bien plus efficaces d’augmenter le financement de la biodiversité sans recourir à ces stratagèmes risqués. La compensation de la biodiversité, comme la compensation du carbone, permet aux pays riches, aux entreprises, aux institutions financières et à d'autres parties prenantes de profiter de la crise de la biodiversité à laquelle ils ont contribué, en maintenant le statu quo et en évitant les décisions politiquement difficiles nécessaires pour réglementer les activités destructrices au niveau national tout en créant un nouvelle classe d’actifs pour leurs secteurs financiers.

Nous appelons les gouvernements, les organismes multilatéraux, les organisations de conservation et les autres parties prenantes à cesser la promotion, le développement et l’utilisation de systèmes de compensation et de crédit pour la biodiversité. Nous les exhortons plutôt à donner la priorité au changement transformationnel pour s’attaquer aux causes profondes de la perte de biodiversité, notamment :

  • Promouvoir une réglementation efficace des activités nuisibles des entreprises
  • Reconnaître, respecter, protéger et promouvoir les droits fonciers des peuples autochtones, des communautés locales, des petits producteurs alimentaires et des femmes.
  • Mettre un terme aux flux financiers et aux investissements qui nuisent à la biodiversité et aux communautés
  • Éliminer les subventions gouvernementales néfastes
  • Changer les modes de production et de consommation, en particulier parmi les riches
  • Soutenir une transition juste, notamment en transformant les systèmes alimentaires vers l’agroécologie
  • Veiller à ce que les fonds soient versés directement et équitablement aux peuples autochtones, aux communautés locales, aux petits producteurs alimentaires, aux femmes et aux jeunes pour les approches communautaires.
  • Rechercher des moyens de conservation efficaces et équitables et prendre des mesures immédiates pour réduire progressivement l’approvisionnement et l’utilisation des combustibles fossiles

En savoir plus sur l'initiative ici.


Contact CIDSE : Emmanuel Yap, responsable des politiques alimentaires et foncières, yap(at)cidse.org

Crédit photo: Getty Images

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