Un partenariat encore inégal : le sommet UE-UA – CIDSE

Un partenariat encore inégal : le sommet UE-UA

Initialement convoqué pour 2020 mais reporté en raison de la pandémie de COVID-19 et des tensions politiques, le 6th Le sommet entre l'Union européenne (UE) et l'Union africaine (UA) aura lieu en février 2022. 

L'objectif de ce Sommet, tel que décrit dans la Communication conjointe «Vers une stratégie globale avec l'Afrique», est de travailler sur cinq grandes tendances mondiales : la transition verte et l'accès à l'énergie ; Transformation numérique ; Croissance durable et emplois ; Paix; Sécurité et gouvernance et migration.  

En 2020, déjà, cLes organisations de la société civile (OSC) ont affirmé que la stratégie de l'UE avec l'Afrique se concentrait sur la création d'un environnement propice aux intérêts commerciaux du secteur privé à grande échelle plutôt que sur la construction d'un avenir plus prospère, pacifique et durable pour tous. 

Une simple analyse de ces priorités conduit en effet à une première conclusion frappante. Cette communication conjointe ne mentionne pas l'agriculture, un secteur qui représente environ 16% du PIB africain et emploie 50% de sa population. Une grande partie de cette population est principalement constituée de ménages dépendant de l'agriculture familiale et de la production alimentaire à petite échelle pour leur subsistance. L'absence de l'agriculture dans la stratégie de l'UE avec l'Afrique est d'autant plus préoccupante compte tenu de la situation actuelle du continent africain. La prévalence de la sous-alimentation en 2020 est revenue à son niveau de 2005, augmentant considérablement en Afrique occidentale et australe. Les causes incluent le changement climatique, la pandémie de COVID-19, l'insécurité et l'instabilité politique, et les investissements du secteur privé. 

Alors que le secteur privé profite de cette situation dramatique faire pression pour l'innovation technologique et des solutions axées sur le marché, la revue de la littérature est assez nuancée quant à leur impact. Une récente rapport de Misereor déclare que les acteurs privés en Afrique ne cultivent que 11% des terres qu'ils ont achetées et exportent une grande partie de leur récolte. Leur contribution à l'approvisionnement du marché local et à la sécurité alimentaire reste donc limitée. Ceci est particulièrement préoccupant car plus de 25 millions d'hectares de transactions foncières ont été conclus en 2021 à travers le continent.  

Par ailleurs, l'étude de Misereor montre que ceux qui cultivent leurs parcelles en agriculture à petite échelle obtiennent généralement des rendements à l'hectare plus élevés que les acquisitions foncières à grande échelle (LSLA). Alors que les LSLA peuvent avoir un impact positif en termes de création d'infrastructures, d'emplois et d'effets d'entraînement, leurs avantages restent limités. D'un autre côté, les conséquences négatives sur la population sont désastreuses, notamment la perte d'accès à la terre et un important licenciement de la main-d'œuvre.  

Sur la base de cette analyse, les OSC africaines et européennes ont uni leurs forces autour d'un agenda différent, promouvant agroécologie, droits fonciers, la responsabilité des entreprises, et l'inclusion en donnant la parole aux communautés touchées par les abus des entreprises, le changement climatique et l'accaparement des terres. On sait par exemple que L'agroécologie peut aider les petits agriculteurs à améliorer leur rendement en suivant des approches écologiques et en mettant les agriculteurs et les droits humains au centre. Il permet également aux agriculteurs de développer leurs projets agricoles sur leur terre et être résilient et autonome. Le travail conjoint avec les partenaires africains ouvre des espaces pour les consultations des OSC et pour que les acteurs africains donnent leurs recommandations sur le futur partenariat entre l'Union africaine et l'Union européenne.  

Pourtant, la roue n'a pas besoin d'être réinventée. Des outils et processus internationaux existent – ​​tels que le projet de traité contraignant des Nations Unies sur les entreprises et les droits de l'homme, la proposition de législation européenne sur le devoir de diligence, l'Accord de Paris et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans – que malheureusement la plupart des États membres européens n'ont pas ratifié. Le partenariat UE-UA doit s'inscrire dans ces lignes. Pour réussir, les voix des communautés locales africaines doivent être écoutées et leurs droits respectés et promus.  

Lecture complémentaire
Voir: La déclaration de la plateforme Our Land is Our Life publié en amont de la réunion ministérielle des ministres des Affaires étrangères africains et européens du 26 octobre 2021 avec le soutien de la CIDSE (EN - FR).

Contact: Vincent Dauby, Chargé de mission agroécologie et souveraineté alimentaire CIDSE, dauby(at)cidse.org

Photo de Pexels par Omotayo Tajudeen

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