Du Brésil aux Philippines, le défi des défenseurs des droits humains est mondial - CIDSE

Du Brésil aux Philippines, le défi des défenseurs des droits humains est mondial

La criminalisation croissante des défenseurs des droits de l'homme découle des agendas politiques néolibéraux actuels - réflexions de Salvador de Bahia, Forum social mondial 2018.

Jeudi 15, les participants au Forum social mondial 2018 ont appris la triste nouvelle d'un autre assassinat de la défenseuse des droits humains Marielle Franco. Elle était une féministe élevée dans les favelas de Rio de Janeiro et a récemment été élue conseillère locale du Partido Socialismo e Liberdade.
Elle a été assassinée alors qu'elle sortait d'une réunion politique. Cette triste nouvelle fait écho à la criminalisation actuelle des activistes aux Philippines et dans de nombreux autres pays du monde. Cette tendance croissante à la criminalisation des défenseurs des droits de l'homme et à la militarisation croissante à leur encontre, comme nous l'avons vu récemment au Brésil, est une conséquence directe des agendas politiques néolibéraux mondiaux qui cherchent à accéder à davantage de ressources naturelles.

Pour réfléchir à cette tendance, nous avons organisé une discussion entre les mouvements et les communautés touchés par l’exploitation minière et d’autres industries extractives à grande échelle telles que les barrages hydroélectriques ou les monocultures. Cela a été co-organisé par CIDSE avec Iglesias y Minería et d'autres organisations. Nous avons eu l'occasion d'entendre MAM - le mouvement brésilien pour la souveraineté populaire sur l'exploitation minière, l'articulation internationale des personnes touchées par Vale, WOMIN et de nombreuses autres personnes du public qui subissent également la violence lorsqu'elles s'opposent au paradigme de développement actuel. Tous les participants ont décrit la même dynamique de criminalisation des dirigeants défendant leur terre et leur territoire, toujours appuyée par les principales campagnes médiatiques qui les discréditent.

En termes de réponses et d'alternatives, nous avons pu entendre un large éventail de réponses et d'actions entreprises par nos partenaires dans le monde entier pour s'opposer aux grands projets miniers. Bien qu'il soit difficile de présenter toutes les idées riches qui ont été partagées, nous avons pu comprendre que la solution de rechange n'en est pas une, mais un large éventail d'approches se complétant souvent. Pour n'en nommer que quelques-uns, les réponses vont d'actions en justice, par exemple devant la Cour interaméricaine des droits de l'homme, à la mise en œuvre des capacités des communautés touchées à surveiller la qualité de leur environnement. Les communautés habilitées mettent souvent en œuvre des évaluations d'impact sur l'environnement et des processus de consultation locaux pour renforcer les liens entre leurs membres.

De nombreux participants ont également trouvé une force de soutien auprès de leur église locale. Plusieurs membres de la CIDSE ont souligné l'importance des études universitaires qui renforcent notre plaidoyer, notamment en prenant en compte les coûts réels de l'exploitation minière souvent cachés, tels que la pollution des sols et des rivières. Une autre stratégie appréciée consiste à suivre les liens financiers dans le secteur minier afin d'exiger que les banques et les autres bailleurs de fonds se désinvestissent de projets miniers nuisibles. Cet atelier était en effet l’occasion de renforcer nos liens avec les partenaires et les membres, d’approfondir les réflexions et de mieux articuler les mouvements.

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