Ne faites pas taire notre voix - CIDSE

Ne faites pas taire notre voix

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Je suis une citoyenne israélienne et je travaille en Belgique pour CIDSE, un réseau d'organisations de justice sociale, y compris Broederlijk Delen. Ma collègue Brigitte Herremans s'est vu refuser l'entrée en Israël la semaine dernière alors qu'elle voyageait avec un groupe de jeunes qui sont venus voir Israël et la Palestine de leurs propres yeux.

Au cours de la dernière décennie, Israël a connu un processus lent mais cohérent visant à réduire l’espace disponible pour la société civile dans les affaires publiques. Les défenseurs des droits de l'homme qui établissent des relations de travail avec leurs homologues européens ont été la cible de campagnes de diffamation, certaines organisations et membres de la Knesset les qualifiant de "agents étrangers". Les visiteurs et les volontaires qui travaillent pour protéger les droits des personnes vivant dans les communautés les plus vulnérables sous occupation sont accusés de délégitimer Israël. Les Palestiniens qui accusent Israël de violer le droit international rapportent être suivis et harcelés par des sources non identifiées.

Les Israéliens et les Palestiniens sont dans une situation difficile. Le processus de paix n'a pas progressé et il n'y a pas de véritable débat sur la manière de concilier le besoin des deux communautés de se sentir en sécurité et de façonner leur propre avenir. Israël, puissance occupante dans le territoire palestinien, n'a aucune vision d'un avenir dans lequel les Palestiniens pourront apprendre, travailler et vivre sans l'ingérence quotidienne des soldats israéliens. Quiconque appelle Israël à engager un véritable débat sur un moyen démocratique d'équilibrer la sécurité et le respect des besoins des Palestiniens, risque d'être accusé d'antisémitisme ou d'être radical.

Brigitte a été appelée ainsi et plus encore ces derniers jours. Mais le véritable objectif de ces accusations sans fondement et de son interdiction d'entrer en Israël est d'éviter une discussion honnête sur l'occupation et sur une paix juste et durable. Les accusateurs ferment leurs oreilles à différentes voix et, plutôt que de réagir au contenu du dialogue, attaquent les orateurs. Ils font ce qu'ils peuvent pour délégitimer toute personne qui ne souscrit pas à leurs points de vue et refuse d'accepter la simple vérité sur la complexité de la vie: grandir en tant que personne et en tant que société ne peut être réalisé que si vous écoutez des personnes qui pensent différemment.

En prévision de la visite du groupe, Brigitte recherchait des Israéliens et des Palestiniens qui rencontreraient son groupe et leur parleraient de la vie en Israël et dans le territoire occupé. Elle souhaitait que les jeunes Belges découvrent non seulement l'histoire de la Terre sainte, mais aussi qu'ils connaissent mieux les gens qui y vivent aujourd'hui. Des personnes capables de parler de leurs propres expériences et d'exprimer qui elles sont, Israéliens et Palestiniens. Toute personne qui s’oppose à ce type d’activité et à ce que Brigitte représente représente la radicalisation du discours et la fermeture d’un espace de dialogue, délibérément ou non. Ces non-affirmateurs doivent se poser la question - et nous devons aussi le faire - sans le dialogue et le respect mutuel, comment pensent-ils que le conflit israélo-palestinien sera un jour résolu? Et si la société civile est réduite au silence sur des questions brûlantes, qui restera-t-il pour discuter et défendre les valeurs auxquelles nous croyons?

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